J’avais envie de voyager quelque part cet automne, alors j’ai regardé pour quelles destinations il y avait des vols pas trop chers à partir des environs. J’ai découvert que je pouvais aller en Géorgie à partir de Budapest pour un prix abordable. Je ne connaissais pas énormément de choses sur ce pays, mais je n’en avais entendu que du bien, j’avais vu des photos de beaux paysages et d’architecture ancienne, et sa langue avait l’air intéressante.
Bref, je me suis envolé début octobre pour Koutaïssi.
Koutaïssi
Koutaïssi est la deuxième plus grande ville de la Géorgie, dans l’ouest du pays. Son aéroport n’est pas particulièrement important, mais c’est là que Wizz Air a tous ses vols.
Après mon arrivée, je me suis promené un peu dans la ville. Elle a l’air moins « soviétique » que ce à quoi je m’attendais : pas d’immeubles énormes et d’avenues larges (même s’il y en a plus loin du centre-ville), mais des petites rues avec des maisons. Les rues sont plutôt propres, j’ai vu plusieurs employés municipaux qui les nettoyaient. Avec les dates que j’avais choisies (la deuxième semaine d’octobre), j’avais peur que le temps soit mauvais, mais c’était presque l’été.
En Géorgie, il y a énormément d’édifices religieux anciens : églises, cathédrales, monastères, etc. L’un des plus célèbres monastères, celui de Ghélati, est à quelques kilomètres de Koutaïssi.
Je suis resté à Koutaïssi une nuit dans une auberge de jeunesse pour le prix de 14 laris, soit environ 5,4 €. Le lendemain, je suis allé visiter une grotte appelée « grotte de Prométhée ».
La grotte est relativement loin de la ville et pas très facile à atteindre, et pour revenir j’aurais dû attendre le minibus un bon moment, mais j’ai fini par partager un taxi avec d’autres touristes. Le chauffeur a été sympa et nous a proposé un détour pour nous montrer le nouveau parlement géorgien.
Je suis ensuite parti à Tbilissi, la capitale. Le principal transport en commun est le minibus, comme en Ukraine et en Russie, plus rapide que le train. Le chauffeur m’a fait payer le double du prix normal (20 laris au lieu de 10, je ne me suis fait avoir que de 4 € en fin de compte), c’est la seule fois de la semaine où je me suis fait arnaquer.
Pendant mes excursions de la veille et ce trajet, j’ai été surpris par le nombre d’animaux : il est parfaitement normal de voir des vaches (ou plus rarement des cochons) se promener au bord de la route. Le taxi susmentionné a même freiné brusquement parce qu’il y avait une vache couchée au milieu de la route. Il y a aussi beaucoup de chiens errants qui n’ont pas peur des voitures. Les routes sont larges et en bon état, les voitures neuves côtoient quelques vieilles Lada déglinguées. Les Géorgiens roulent à droite, mais j’ai vu pas mal de véhicules avec le volant à droite, je ne sais pas pourquoi.
Tbilissi
La gare routière est un endroit assez intéressant : plein de monde, des minibus et des taxis partout, des chauffeurs qui crient des noms de ville et qui interpellent les gens (ou en tout cas les touristes) pour leur demander où ils vont. J’ai pris le métro, qui ressemble beaucoup à celui d’autres villes d’ex-URSS, avec des stations profondes. Première surprise : dans la station, je n’ai pas vu un seul plan du métro (je savais juste qu’il y avait deux lignes). J’ai demandé à quelqu’un dans quelle direction était mon arrêt, et là, deuxième surprise : il n’y a pas de plan de la ligne dans la rame. Heureusement, il y a des annonces en géorgien et en anglais à chaque station. La station à laquelle je suis descendu, elle, avait bien un plan des lignes.
Je suis arrivé dans une auberge de jeunesse qu’on m’avait recommandée, pour le prix dérisoire de 11 laris par nuit (à peine plus de 4 €). Les propriétaires et les voyageurs étaient tous russes (ou russophones). L’auberge était petite et la douche laissait à désirer, mais tout le monde était sympa.
J’ai ensuite rencontré la seule personne que je connaissais en Géorgie, l’un des deux seuls espérantistes du pays (à sa connaissance). J’ai pu lui poser des questions sur son pays et il m’a fait visiter la ville. Je ne savais pas quoi attendre de Tbilissi, et j’ai été agréablement surpris. La vieille ville est très belle, avec des petites ruelles en pente, des maisons avec des balcons, une forteresse, des bains publics au style un peu oriental, etc.
Mtskheta
Si vous allez à Tbilissi, Mtskheta est un passage obligé : c’est une petite ville à 20 minutes en bus qui abrite des monuments inscrits au patrimoine mondial, dont la cathédrale de Svétitskhovéli. La ville est jolie mais très touristique, c’est d’ailleurs le seul endroit où j’ai entendu du français.
À quelques kilomètres de là, au sommet d’une colline, il y a le monastère de Djvari (dont le nom signifie « croix »). Le monastère en lui-même est beau, mais le principal intérêt, c’est la vue qu’on a sur Mtskheta.
Bordjomi
Vous n’avez peut-être jamais entendu ce nom, mais Bordjomi est très célèbre dans toute l’ex-URSS en raison de son eau minérale. La ville étant située à deux heures de minibus de Tbilissi, j’ai décidé d’y faire une excursion pour une journée.
L’une des principales attractions de la ville est son parc, traversé par la rivière Bordjomoula. Au fond du parc, un joli chemin conduit à travers la forêt le long de la rivière jusqu’à des bassins d’eau de source où on peut se baigner.
Je suis ensuite allé voir les restes d’une forteresse sur une colline. Il n’en reste pas grand-chose, mais on a une belle vue sur la ville.
Bordjomi est une jolie petite ville, mais je ne suis pas sûr que ça vaille le coup d’y aller pour une seule journée : si je devais y retourner, j’y resterais plusieurs jours pour explorer le parc national de Bordjomi-Kharagaouli.
La Khevsourétie
L’une des principales attractions de la Géorgie, c’est les montagnes du Caucase. L’auberge de jeunesse où je suis resté à Tbilissi (Mtkvari Hostel) organise régulièrement des excursions à un prix raisonnable, et par chance ils avaient prévu une excursion de deux jours à la montagne pendant mon séjour. Au programme : la Khevsourétie, petite région isolée du nord-est du pays. Je suis parti en voiture avec six Russes et un chauffeur géorgien.
Oubliez ce que j’ai dit plus haut sur la qualité des routes : le trajet a commencé sur des routes normales, mais rapidement nous nous sommes retrouvés sur des routes non goudronnées où il était impossible de rouler vite (sauf, bizarrement, dans un village que nous avons traversé où la route était neuve).
Le paysage a changé peu à peu, les montagnes autour devenant de plus en plus hautes. À part la route, il y avait peu de traces de vie humaine : quelques petits hameaux de plus en plus rares, des troupeaux de vaches et de moutons, parfois des fontaines d’eau potable. Nous avons dû croiser une dizaine de véhicules pendant toute la journée. Dans les endroits que j’avais visités jusque là, on ne pouvait pas faire trois pas sans tomber sur un autre touriste, mais là j’avais presque l’impression d’être seul au monde. Au bout de quelques heures de route, nous avons atteint le point le plus élevé de notre trajet : le col de la Croix de l’Ours, où j’ai découvert un paysage à couper le souffle.
Après le col, les paysages étaient peut-être encore plus beaux qu’avant : montagnes presque sans arbres, rivières, torrents, ruines anciennes… Avec l’automne, tout avait une teinte orangée presque irréelle.
Nous sommes enfin arrivés à notre destination de la journée, Chatili, un village qui sert de capitale officieuse à la région. Il est célèbre pour son village médiéval fortifié, aujourd’hui en grande partie inutilisé. En France, un endroit pareil serait interdit au public, ou alors il y aurait des barrières partout et une caisse à l’entrée. Mais là, on peut grimper dessus comme on veut.
Nous sommes restés à Chatili pour la nuit. Il n’y avait pas d’électricité, apparemment à cause d’une chute de neige dans les environs (par contre le téléphone passait très bien). Nous avons dîné éclairés à la bougie. J’ai eu un peu de mal avec la tendance de certains Russes (surtout d’un ou deux de notre groupe) à picoler toute la journée. Le deuxième jour je n’en pouvais plus, je n’ai pas touché au verre de tchatcha (liqueur de raisin géorgienne) qu’ils m’ont servi, j’espère n’avoir vexé personne…
Quoi qu’il en soit, le matin nous avons continué notre route. À quelques kilomètres de Chatili, il y a quelques vieilles maisons en pierre contenant les restes de gens morts de la peste au XIXe siècle. C’était juste à côté de la Tchétchénie : avec de bons yeux, on pouvait voir un drapeau russe dans le lointain.
Cette région regorge de ruines et de villages fortifiés. Nous avons continué jusqu’à Ardoti, un tout petit village fortifié dans une gorge abrupte et qui ne semble avoir qu’un habitant aujourd’hui, un éleveur chez qui nous avons pris l’apéro.
Le dernier village fortifié que nous avons vu est Moutso. Nous ne sommes pas allés jusqu’en haut parce qu’il paraît qu’il n’y a rien à voir (il y a des travaux de restauration en cours).
La route du retour nous a pris la journée : ce n’est pas si loin de Tbilissi à vol d’oiseau, mais vu la qualité des routes de la géographie de la région, il faut des heures pour faire seulement quelques dizaines de kilomètres.
La bouffe
En une semaine, je n’ai pas eu le temps de bien connaître la cuisine géorgienne. J’ai goûté quatre des spécialités les plus typiques :
- Les khinkalis, sortes de raviolis géants. Ils contiennent généralement de la viande, mais j’en ai aussi goûté aux champignons et à la pomme de terre. Il paraît qu’il faut les manger avec les doigts. D’après l’espérantiste géorgien que j’ai rencontré, c’est ce qu’on raconte aux touristes et on peut très bien les manger avec une fourchette. On les achète à l’unité ; un khinkali coûte à peine 30 centimes et 6 me suffisent.
- Le khatchapouri, une sorte de pain avec du fromage dedans.
- Les haricots sont très populaires. J’ai goûté un plat à base de haricots rouges mélangés avec de l’ail, de l’oignon et des épices et placés dans un pot en terre pour le garder au chaud.
- La tchourtchkhéla, une confiserie faite avec des noix ou des noisettes enfilées sur une ficelle puis trempées dans un mélange de moût de raisin et de farine. J’adore, j’en ai ramené une dizaine.
La langue
Le géorgien est une langue très intéressante qui n’est apparentée à aucune langue connue, sauf trois langues minoritaires de Géorgie et de Turquie. Son alphabet aussi est unique. Je l’ai appris avant de partir, ce n’est pas très compliqué et ça aide. Mais je parlerai du géorgien une autre fois.
Comme la Géorgie a fait partie de l’URSS, le russe y a longtemps été parlé quotidiennement. De nos jours, le russe est beaucoup moins populaire chez les jeunes, qui apprennent tous l’anglais. Cependant, presque tous ceux qui ont plus de 30 ou 40 ans parlent russe, ce qui fait que j’ai utilisé le russe beaucoup plus que l’anglais : presque tout les vendeurs, serveurs et conducteurs de bus à qui j’ai parlé comprenaient le russe, et je ne saurais pas dire si les jeunes savent généralement parler anglais parce que je n’en ai pas eu besoin. Cela dit, les gens plus âgés ne parlent pas tous bien russe, et certains ont un fort accent. Je n’avais jamais entendu d’accent géorgien en russe et j’ai été surpris : toutes les consonnes sont dures.
Le pays, lui, a clairement fait le choix de se détourner du russe au profit de l’anglais. J’ai vu très peu d’inscriptions en russe, mais les noms des rues, les panneaux pour les touristes, la signalisation routière, etc. sont généralement bilingues géorgien-anglais. Ça m’a un peu surpris à Bordjomi, où toutes les indications touristiques étaient en anglais alors que la grande majorité des visiteurs étrangers sont russes. Globalement, la plupart des touristes en Géorgie sont russophones (ou polonais, étrangement), et presque tous les gens qui m’ont interpellé pour me proposer de l’aide ou essayer de me vendre quelque chose m’ont parlé en russe.
Je suis très content d’avoir pu mettre mon russe en pratique, ça m’a permis d’avoir l’impression que je n’avais pas de barrière de la langue dans ce pays, même si le géorgien est incompréhensible pour moi. Avec les vrais Russes, c’était un peu plus difficile : je devais faire un effort pour comprendre leurs conversations et je pouvais difficilement y participer.
Conclusion
J’ai passé une très bonne semaine et la Géorgie est l’un des plus beaux pays que j’ai visités, avec l’Italie et la Croatie (où je n’ai passé que quelques jours). J’avais un peu d’appréhension parce que je n’avais jamais voyagé seul aussi longtemps, mais ça n’a pas été un problème : l’avantage, c’est ce que je peux aller où je veux et faire ce que je veux. Mon seul regret est de n’être resté qu’une semaine, il y a encore beaucoup d’endroits que j’aurais voulu visiter et j’y retournerais volontiers.
Bref, allez en Géorgie. C’est pas cher, la nourriture est bonne, il y a énormément de choses à voir et les paysages sont magnifiques.
T’avais gouté de la tchourtchkhéla auparavant.
C’est possible, j’avais goûté pas mal de trucs inconnus en Russie.
C’est intéressant ton carnet de voyage, Matthieu ! Et les photos des montagnes
sont impressionnantes. Je trouve que tu aurais dû mettre quelques photos des autochtones qui y vivent (s’il y en a ! )
Oui mais j’aime pas trop mettre la tronche des gens sur Internet sans leur demander leur avis.
Très bon poste, ce pays a beaucoup à offrir ! Et après avoir vu tes photos de voyage, j’ai encore plus envie d’y aller, merci 🙂