Six jours à vélo

Au lieu d’aller explorer des pays lointains, j’ai fait un peu de tourisme dans ma région récemment. Après avoir lu de nombreux blogs et récits de voyages à vélo (voici un exemple extrême), j’avais envie d’essayer le cyclotourisme, bien que je sois très loin d’être sportif, alors je suis parti avec mon amie russe et deux vélos. Nous avons fait environ soixante kilomètres par jour, en partant du côté de La Rochelle, en allant vers le sud puis en remontant la Gironde jusqu’à l’île d’Oléron.

Jour 1 : La Rochelle et Rochefort

Nous sommes partis le matin, après avoir comblé l’espace qui restait dans nos sacs avec de la nourriture. Nous sommes rapidement arrivés à La Rochelle par le chemin que je connais presque par cœur, puis c’est devenu plus intéressant (je trouve plus intéressant de faire du vélo dans des endroits que je ne connais pas).

En Europe, il y a un projet de routes cyclables internationales appelé EuroVelo. Certains itinéraires sont très loin d’être finis, mais la route EuroVelo 1 qui longe l’Atlantique est bien avancée, et sa partie française est même entièrement réalisée. Ce qui fait que de La Rochelle à Rochefort, nous n’avons même pas eu besoin de carte, parce que les itinéraires sont très bien indiqués. (L’itinéraire est constitué de pistes cyclables et de routes avec peu de circulation.)

À Rochefort, nous avons traversé la Charente avec le pont transbordeur, le dernier en France. La traversée n’est pas chère et beaucoup moins dangereuse que par le viaduc d’à côté.

Les vélos devant le pont transbordeur de Rochefort
Les vélos devant le pont transbordeur de Rochefort

Après Rochefort, nous avons fait une dizaine de kilomètres dans les marais et nous avons finalement posé notre tente sur une aire de pique-nique à côté de Moëze parce que le coin avait l’air peu fréquenté et que nous n’étions pas visibles de la route principale. Et effectivement, nous n’avons pas été dérangés.

Jour 2 : la presqu’île d’Arvert

Nous nous sommes levés en même temps que le soleil, nous avons remballé nos affaire et nous avons continué noter chemin. Nous avons traversé la citadelle de Brouage, puis nous sommes arrivés à Marennes.

L'église de Marennes. J'ai souvent vu son clocher de loin, mais je n'étais jamais allé le voir de près.
L’église de Marennes. J’ai souvent vu son clocher de loin, mais je n’étais jamais allé le voir de près.

Nous avons ensuite traversé le pont de la Seudre, puis suivi la piste cyclable qui parcourt la forêt de la Coubre, jusqu’au phare de la Coubre. Nous avons gravi les 300 marches du phare du haut duquel on a une belle vue.

Le phare de la Coubre
Le phare de la Coubre (64 m de haut)
Panorama de ce qu'on voit au sud-est du phare
Panorama de ce qu’on voit au sud-est du phare

Après ça, nous sommes allés nous baigner à côté, puis nous avons repris la route. Nous avons passé la nuit dans un camping à Royan.

Jour 3 : la pointe de Grave et la forêt des Landes

Après avoir fait quelques courses, nous sommes allés prendre le bateau pour traverser la Gironde et aller à la pointe de Grave, puis nous sommes allés vers le sud. Il y a plein de pistes cyclables rectilignes qui passent dans la forêt.

Le paysage ressemblait à ça pendant tout l'après-midi.
Le paysage ressemblait à ça pendant tout l’après-midi.

À partir de Soulac-sur-Mer, il n’y avait que des forêts sans aucun signe d’interdiction de camper, donc nous pensions que nous n’aurions aucun mal à trouver un endroit pour mettre la tente… et soudain, quelques kilomètres après Montalivet-les-Bains, il n’y avait plus que des propriétés privées des deux côtés de la route sur une dizaine de kilomètres, et en plus il a commencé à pleuvoir. Nous sommes arrivés à Hourtin-Plage, et là il n’y avait plus de propriétés privés, mais la forêt domaniale d’Hourtin où le camping est interdit. Nous avons un peu continué la route vers l’est et nous avons finalement campé dans un coin de forêt où il n’y avait aucun panneau. Je ne sais pas si nous avions vraiment le droit, il est possible que ce coin-là fasse partie de la forêt domaniale. Quand je pense que dans certains pays, on peut camper presque partout…

Jour 4 : le lac d’Hourtin et de Carcans

Nous nous sommes levés à l’aube pour rejoindre le lac d’Hourtin et de Carcans.

Le lac d'Hourtin et de Carcans
Le lac d’Hourtin et de Carcans

Nous avons longé le lac pendant la matinée (il n’y a aucune route qui passe entre le lac et l’océan, mais il y a des sentiers de randonnée et des pistes cyclables), puis en arrivant au sud nous sommes repartis vers l’est. Après Carcans, les paysages sont devenus différents : les forêts sont remplacées par des vignobles. Nous sommes allés jusqu’à Lamarque où nous avons pris le bateau pour retraverser la Gironde. De l’autre côté, à Blaye, nous avons dormi au camping municipal, que je recommande vivement (il est dans un bel endroit, dans la citadelle, et en plus il n’est pas cher). À ce moment-là, nous avons changé nos plans : au lieu de rentrer à La Rochelle, nous avons décidé d’aller à l’île d’Oléron.

Jour 5 : le long de la Gironde

Ce jour-là a été le moins intéressant. Nous sommes repartis vers le nord, et après quelques vignobles nous sommes passés dans des marais déserts, près d’une centrale nucléaire, sous un soleil de plomb. Nous sommes revenus en Charente-Maritime, dans la seule partie du département où il y a un peu de relief (je n’aime pas les montées, mais avec les sacs sur le vélo c’est encore pire). Nous avons passé la nuit dans un camping sur la route de Talmont-sur-Gironde.

Jour 6 : de Royan à l’île d’Oléron

Le matin, nous sommes passés par Talmont-sur-Gironde, un petit village qui appartient à juste titre à l’association « Les Plus Beaux Villages de France ».

L'église Sainte-Radegonde de Talmont-sur-Gironde
L’église Sainte-Radegonde de Talmont-sur-Gironde

Nous sommes alors allés à Royan où nous avons déjeuné (au McDonald’s… c’est pas ce qu’il y a de plus sain, mais j’étais un peu sous-alimenté pendant les derniers jours). Nous sommes retournés à Marennes en traversant la presqu’île d’Arvert par le milieu (donc sans longer la côte, cette fois-ci), puis nous sommes arrivés à l’île d’Oléron. Le pont n’est pas terrible pour les vélos, il y a juste une bande cyclable pas très large, on doit rouler juste à côté des camions. Le pont de l’île de Ré est bien meilleur.

Épilogue

À l’île d’Oléron, nous avons pu avoir un vrai repas et un vrai lit. Nous sommes restés une journée où nous nous sommes reposés (nous avons fait seulement 20 km à vélo), et le lendemain nous sommes rentrés par la route que nous avions prise à l’aller. Il nous a fallu toute la journée pour faire les 80 km jusqu’à chez moi. Au total nous avons fait environ 450 km, et nous avons crevé un pneu à 15 km de la fin. Heureusement qu’à La Rochelle nous avons trouvé un magasin de vélo qui nous a changé la chambre à air (la rustine que nous avions mise n’était pas suffisante, et en plus la pompe à vélo que nous avions n’était pas adaptée au vélo…).

Conclusion

Globalement, je suis content d’avoir fait cette excursion, même si par moments j’en avais un peu marre. Le pire a été le cinquième jour, où j’étais épuisé (et mal nourri). Mais je suis aussi fier d’avoir fait toute cette distance avec la force de mes mollets sous-entraînés, et j’ai vu de beaux endroits. Et puis le vélo est écologique et économique (on a payé environ 20 € par jour, soit 10 par personne).

Le trajet approximatif des six premiers jours
Le trajet approximatif des six premiers jours

Faire du cyclotourisme, ce n’est pas compliqué : j’ai acheté des sacoches de vélo, un réchaud, quelques accessoires et j’ai emprunté une tente. Certains arrivent à faire plus d’une centaine de kilomètres par jour sans problème, d’autres (comme moi) beaucoup moins, mais si on ne fait pas la course, on peut pédaler à son rythme. Il n’y a pas besoin d’être un athlète : si je peux faire 60 km par jour, n’importe qui en bonne santé peut (sérieusement, je ne connais personne de moins sportif que moi).

Je ne sais pas encore si je referai du cyclotourisme, mais si j’en refaisais, voilà ce que je ferais :

  • J’en m’entraînerais avant, parce que j’ai eu du mal à pédaler (le jour le plus difficile a été le cinquième, après ça allait mieux).
  • J’achèterais des sacoches de meilleure qualité. Les coutures ont commencé à s’étirer au bout de quelques jours, et une fermeture Éclair a fini par lâcher.
  • Il n’y a pas forcément besoin d’avoir un vélo de compétition (le mien est assez mauvais, j’ai déjà eu des problèmes de frein et de pédale qui se dévisse), mais pour partir plus longtemps il faudrait sans doute un vélo de meilleure qualité (et peut-être une meilleure selle).
  • Je m’informerais plus sur ce qu’il faut manger, parce que nous n’étions pas très bien nourris pendant cette semaine (sandwich à midi, nouilles avec du thon ou boîte de conserve le soir, et fruits et biscuits pendant la journée et le matin).

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