Après la très bonne expérience qu’a représenté mon voyage de l’année dernière en Hongrie à une rencontre d’espéranto, je ne pouvais pas ne pas y retourner cette année. Cette fois, l’Internacia Junulara Kongreso (« congrès international de la jeunesse », mais ces noms de rencontres ne veulent finalement pas dire grand-chose) avait lieu à Liberec, en République tchèque.
Mais cette fois, j’ai emmené avec moi Milocéane, et j’ai fait durer le voyage plus longtemps en étant invité par une amie espérantophone quelques jours après le congrès.
Samedi 18 juillet
Nous avons atterri à l’aéroport de Prague, où nous devions changer de l’argent. La Tchéquie n’est pas passée à l’euro, et utilise des couronnes tchèques (25 couronnes font environ un euro). Nous avons donc changé de l’argent, à un taux rétrospectivement entubatoire (si j’avais su j’en aurais changé plus tard), puis nous avons pris le bus. Le billet coûte 26 couronnes (ou 30 si on l’achète au chauffeur), et est valable pour tous les transports en commun de Prague pendant 75 minutes : on peut donc prendre le bus et le métro avec le même ticket.
Nous sommes arrivés à la gare routière pour aller à Liberec (qui est au nord du pays), où nous avons rencontré quelques espérantophones, dont l’amie qui nous invitait et qui était là pour aider les participants à acheter leur billet. 90 couronnes, ça ne me paraît pas cher pour la centaine de kilomètres qu’il y avait à faire (et en plus on avait droit à un chocolat chaud).
Une fois à Liberec, nous avons pris le tramway et le bus, et nous sommes arrivés sous la pluie à l’endroit du congrès : les logements pour les étudiants de l’université technique de Liberec, où j’ai retrouvé de nombreuses personnes que je connaissais de l’année dernière, ainsi que deux Américains que j’avais hébergés début juin. (J’aurais pu en parler ici, tiens. En tout cas, l’un d’eux l’a fait sur son blog où il raconte son voyage en Europe.)
Dimanche 19 juillet
Le matin, nous avons participé à une excursion : promenade dans la ville, puis visite de Ještěd, une montagne proche de Liberec. On accède au sommet en téléphérique, et de là on voit très bien la ville et la région.
L’hôtel de ville de Liberec, sur la place principale
L’après-midi, il y avait des jeux pour découvrir la ville, mais comme nous l’avions déjà découverte le matin, nous n’y sommes pas allés. À la place, je suis allé à un cours de tchèque, où j’ai appris quelques phrases de base et des mots imprononçables. (Enfin je connaissais déjà les expressions de base, puisque j’avais déjà essayé d’apprendre quelques mots avant de partir — d’ailleurs je n’étais pas le seul avec un guide de conversation —, mais c’est toujours mieux quand c’est un vrai Tchèque qui les dit.)
Lundi 20 juillet
L’après-midi du lundi, il se trouve que parmi les conférences et les ateliers prévus, il y en avait plusieurs concernant les langues. Nous avons alors commencé par un cours de polonais. C’est amusant, ça ressemble beaucoup au tchèque, une fois qu’on a remplacé les consonnes par dz et ść. (Par exemple, 9 se dit devět en tchèque et dziewięć en polonais.)
Ensuite, il y avait une activité pour ceux qui voulaient pratiquer d’autres langues : les participants n’avaient pas le droit de parler en espéranto ou dans leur propre langue. J’ai découvert que je pouvais encore m’exprimer en allemand (avec des difficultés), mais que mon espagnol était plus rouillé que je ne le pensais. Après ça, nous avons eu un cours sur l’écriture devanāgarī (qui est assez difficile, mais très intéressante), puis un deuxième cours de tchèque.
Plus tard, le soir, je suis allé avec quelques personnes sur le toit pour regarder le ciel (entre les nuages). L’idée avait été proposée par un Brésilien passionné d’astronomie, qui était content de pouvoir tester ses connaissances du ciel de l’hémisphère nord, et qui voyait l’étoile polaire pour la première fois. Nous avons donc montré aux quelques personnes qui étaient là des constellations. Et je n’ai eu aucun problème pour parler d’astronomie en espéranto.
Mardi 21 juillet
Mardi, c’était le jour des excursions. Parmi les trois excursions principales, nous avons choisi Sněžka, le plus haut sommet de République tchèque (1 602 m). Nous sommes allés à pied jusqu’en haut, en partant d’un village situé à un peu plus de 800 mètres. (Et j’ai souffert.)
Ça fait peur, quand on voit le chemin qui reste à parcourir.
Le sommet est traversé par la frontière polonaise, et nous avons passé quelques minutes en Pologne.
Une des bornes qui marquent la frontière, vue du côté polonais
Mercredi 22 juillet
Le mercredi soir, sur la place principale de Liberec, il y avait un concert de JoMo, chanteur espérantiste (et français), que j’avais déjà pu voir l’année dernière. Il paraît qu’il est dans le livre des records pour avoir chanté dans le plus grand nombre de langues en un seul concert. Ce jour-là, il était censé battre son record en chantant en 25 langues, mais apparemment il a chanté en 19 langues seulement (enfin, « seulement », c’est déjà très bien). Apparemment, la place n’avait pas été réservée pour une durée suffisante. Mais ça ne fait rien, j’ai quand même beaucoup aimé le concert. La chanson française qu’il avait choisie était Belles, belles, belles de Claude François.
Jeudi 23 juillet
Le matin, j’ai utilisé un lave-linge pour la première fois de ma vie.
L’après-midi, il y a eu un festival culturel et linguistique, comme l’année dernière (et apparemment, comme à chaque congrès comme celui-ci), toujours sur la place principale. Le principe : tous les participants présentent leur pays, leur culture, leur langue, etc. aux autres participants et aux passants. Certains avaient amené des habits traditionnels, des drapeaux, des cartes, des gâteaux, de l’alcool… (Moi je n’avais qu’un plan du métro de Paris, mais heureusement que d’autres Français étaient là pour relever le niveau.)
Par exemple, le stand irlandais
Au début, sur l’estrade, quelqu’un expliquait en espéranto de quoi il s’agissait, et quelqu’un d’autre traduisait en tchèque pour informer les habitants de la ville sur qui nous étions et en quelle langue nous parlions. Puis un participant de chaque pays est venu saluer la ville dans sa langue. Je n’ai pas compté, mais il y en avait au moins vingt-cinq ou trente, et presque autant de langues différentes. C’est dans ces moments-là que je réalise que j’ai vraiment bien fait d’apprendre l’espéranto. Il n’y a pas beaucoup d’autres situations dans lesquelles je pourrais m’adresser directement à des gens d’autant de pays différents.
À la fin du festival, il a commencé à pleuvoir, et Milocéane et moi avons décidé qu’il était temps de rentrer. (Les logements étaient à environ une demi-heure de marche de la place principale.) Nous avons eu droit à une tempête comme dans Le Jour d’après. Je n’avais jamais vu un orage pareil : du vent plutôt fort, de l’eau qui coulait abondamment le long des trottoirs, des branches qui tombaient, des bruits de bris de verre… Nous sommes arrivés trempés. Apparemment, la plupart des autres avaient attendu la fin de l’orage pour rentrer, et s’étaient abrités comme ils pouvaient sous des tables ou derrière des bâches.
Vendredi 24 juillet
Le dernier soir, c’était la « soirée internationale » : ceux qui voulaient pouvaient présenter une chanson, un sketch, etc.
En allant à l’endroit où avait lieu ladite soirée, nous avons croisé une victime de la tempête de la veille.
J’ai d’ailleurs moi-même participé à un sketch : les Italiens en faisaient un, et ils avaient besoin d’étrangers. Il s’agissait d’une sorte de cours pour apprendre aux autres à se comporter comme des Italiens (en parlant fort et avec les mains). À part ça, il y a aussi eu des danses, des chansons et des poèmes, qui étaient plus ou moins intéressants, et finalement la clôture officielle du congrès.
Pour la première fois, une photo de moi sur ce blog
Samedi 25 juillet
L’IJK se terminait ce jour-là : c’était la fin de la première partie du voyage. Après avoir dit au revoir à plusieurs personnes, je suis allé manger avec une dizaine d’autres qui ne partaient, comme moi, que l’après-midi. Nous sommes allés au bar en face de là où était le congrès. Il y avait peu de choix dans le menu, mais il n’était pas cher. Sur un grand tableau, un employé écrivait des résultats de football (y compris en France), et à la télé, il y avait le Tour de France. Je me croyais pourtant à l’abri.
Nous sommes retournés à Prague par le même chemin qu’à l’aller. Puis notre amie nous a conduits, Milocéane et moi, chez elle, dans sa ville de Kralupy nad Vltavou, à une vingtaine de kilomètres au nord de Prague. (Ce nom a l’air imprononçable, mais le L peut servir de voyelle.) Les trains de banlieue tchèques ressemblent aux trains parisiens, même si j’ai trouvé qu’il y a beaucoup plus de graffitis.
Notre hôte a été horrifiée en apprenant que chez moi, on dîne généralement à huit heures. Apparemment, les Tchèques mangent beaucoup plus tôt, à cinq heures ou même avant. Elle a l’habitude de dîner tout de suite en rentrant du lycée.
Le soir, j’ai encore été surpris par les prix en République tchèque : nous sommes allés manger une glace au restaurant. Une belle glace dans une coupe, avec des vraies myrtilles dedans et de la crème Chantilly, coûtait 50 couronnes, donc 150 pour trois personnes, soit environ 6 €. Avec ça, en France, je ne sais même pas si on aurait pu en payer deux.
Dimanche 26 juillet
Le lendemain après-midi, nous sommes allés visiter une partie de Prague. En arrivant, nous avons fait un détour par les toilettes d’un centre commercial.
Nous avons ensuite rencontré une dizaine d’espérantophones qui restaient quelques jours à Prague, ou qui y habitaient, puis nous nous sommes promenés dans la vieille ville et le quartier juif, avec des explications des Tchèques.
L’hôtel de ville avec, en bas à gauche, l’horloge astronomique
L’intérêt de passer du temps avec une famille tchèque, c’est de mieux connaître leur culture. Par exemple, la nourriture. (La nourriture de la cantine, ce n’est pas vraiment typique.) Ils mangent beaucoup de knedlík, des sortes de boulettes à base de pomme de terre ou d’autres ingrédients. Il en existe aussi des sucrés avec un fruit dedans. C’est très bon.
Les noms de famille tchèques ne fonctionnent pas comme les nôtres : comme dans d’autres pays slaves, ils varient selon le sexe. Par exemple, mon amie a un nom de famille en -á, et son père a le même nom de famille, mais avec -ý à la fin. Ce que je ne savais pas, c’est que ce principe est aussi appliqué aux noms étrangers : dans sa chambre, il y avait toute la collection des Harry Potter par J. K. Rowlingová.
Lundi 27 juillet
Lundi, nous sommes allés à vélo voir un château appelé Veltrusy, avec un joli parc autour. Au retour, nous sommes passés par un beau chemin le long de la Vltava (il fallait juste slalomer entre les orties).
Le soir, en discutant, nous avons appris que notre amie n’avait jamais entendu le mot « manga » de sa vie. (La pauvre Milocéane a été choquée.) Nous lui avons montré quelques images, et le style de dessin ne lui disait rien. Apparemment, c’est beaucoup moins populaire qu’en France. Dans les librairies françaises, il y a des rayons entiers de mangas. En Tchéquie, nous avons juste trouvé un petit bout de rayon de manga (et encore, la moitié étaient coréens).
Mardi 28 juillet
Nous sommes retournés à Prague pour voir d’autres endroits, comme le pont Charles et le château de Prague.
La cathédrale Saint-Guy, dans le château de Prague
Mercredi 29 juillet
Et voilà, le voyage est terminé. Il est temps de retourner en France, dans le monde réel, où personne ne connaît l’espéranto…
Cette année aussi, ce voyage a été une très bonne expérience. Il ne fait aucun doute que j’irai encore à de nombreuses rencontres d’espéranto. (Quoique l’année prochaine, l’IJK est à Cuba. Mais il y aura très certainement d’autres rencontres en Europe.)
J’ai aussi beaucoup apprécié de pouvoir passer du temps chez quelqu’un du coin prêt à me faire visiter, et avec qui je peux parler sans barrière linguistique. Voyager avec Pasporta Servo doit être très intéressant.
Sur le site de la rencontre, un paquet de participants ont mis des photos et des vidéos. Je tiens notamment à signaler deux vidéos : celle-ci, sous-titrée en français, et un reportage qui a été diffusé à la télé allemande, en espéranto sous-titré en allemand.
C’était chouette alors !
Et Milo, elle a aimé ?
L’année prochaine, on t’accompagne ! (lol !)
Dis donc, ta mère a failli dans sa mission d’éducatrice : elle ne t’a jamais appris à utiliser un lave-linge… ! Tu auras des cours de rattrapage à la rentrée.
Rofl, ça devais être génial 😀
Ca me donne envie d’apprendre l’espéranto (encore, ça fais au moins un an que je me dis ça…). Dommage pour l’année prochaine.
Et oui, sinon, Milo à aimé ?
T’as la classe sur la photo sinon 😀
Et, au fait t’as changé un truc à ton flux RSS, parce que je n’ai plus d’actualités dans Google Reader o:
Et sinon, tu joues super bien, sur la vidéo IJK 2009 en Liberec’ on peut te voir ! (1:06)
Effectivement, c’était bien. L’été prochain je ne sais pas ce que je ferai, mais en attendant, cet hiver, j’irai sûrement en Pologne. Et si jamais tu veux te mettre à l’espéranto et même venir, ce n’est pas interdit (sur Internet il y a de quoi atteindre un bon niveau, et je veux bien aider).
Milo a aimé aussi, même si elle n’a pas beaucoup parlé.
Et pour le flux RSS je n’ai touché à rien, chez moi ça marche avec Liferea.
Ca avait l’air super !
J’aime beaucoup votre blog trouvé par hasard.
Bonne continuation.