Cathédrale Basile-le-Bienheureux

Un mois en Russie

Après avoir fêté le Nouvel An en Allemagne, je suis allé en Russie pour un mois. Pourquoi en Russie ? Il y a un an et demi, je suis allé à Kiev pour le soixante-septième congrès international de la jeunesse (une des principales rencontres internationales d’espéranto) et j’y ai rencontré une Russe (coucou, je sais que tu me lis). Comme elle est venue en France l’été dernier, c’était à mon tour de lui rendre visite en Russie, plus précisément à Tcheliabinsk, une ville à 1 500 km à l’est de Moscou.

Iekaterinbourg

Après m’être envolé de Berlin et avoir changé d’avion à Moscou, j’ai atterri à Iekaterinbourg (Екатеринбург), la quatrième plus grande ville de Russie. J’aurais pu aller directement à Tcheliabinsk, mais c’était moins cher d’aller à Iekaterinbourg, qui n’est qu’à 200 km au nord (c’est-à-dire juste à côté, pour les Russes). Mon amie m’a retrouvé à l’aéroport et nous sommes allés chez des espérantistes de la ville qui avaient accepté de nous héberger pour la nuit, ce qui est très gentil de leur part vu que j’ai débarqué à 4 heures du matin (cette partie de la Russie utilise le fuseau horaire UTC+06:00 : cinq heures d’avance sur la France en hiver, quatre en été).

Nous avons visité la ville pendant que j’essayais de m’habituer au froid. Sur la place principale, en plus d’une statue de Lénine, il y avait de nombreuses sculptures de glace. Le soir, les espérantistes de la ville avaient préparé une petite fête (je suppose qu’ils ne reçoivent pas beaucoup de visiteurs étrangers), puis nous avons pris le car pour Tcheliabinsk.

Une église à Iekaterinbourg
Une église à Iekaterinbourg

Tcheliabinsk

Tcheliabinsk (Челябинск) est la ville où j’ai passé la plus grande partie de mon séjour. Elle compte plus d’un million d’habitants et est située dans le sud de l’Oural, dans la partie asiatique de la Russie, à une centaine de kilomètres du Kazakhstan. Elle est traversée par le Miass (un affluent de l’Isset (un affluent du Tobol (un affluent de l’Irtych (un affluent de l’Ob (qui se jette dans la mer de Kara))))) et entourée par de nombreux lacs.

Un panorama urbain russe
Un panorama urbain russe

Tcheliabinsk ne doit pas recevoir beaucoup de touristes. Elle a été fondée en 1736, mais n’est une grande ville que depuis les années 30, en raison des usines qui y ont été installées.

Parmi les activités que j’ai faites à Tcheliabinsk :

  • J’ai fait de la luge sur la place principale. Comme à Iekaterinbourg, il y avait des sculptures de glace devant la statue de Lénine (apparemment, s’il n’y a pas de statue de Lénine, ce n’est pas une vraie ville).
  • Je suis allé dans un « centre ethnique des peuples du nord » où on présente la vie traditionnelle des Samoyèdes (quoique la visite semble plutôt faite pour amuser les enfants) et où on peut faire un tour en traîneau tiré par des chiens.
  • L’université d’État de Tcheliabinsk organisait un week-end pour recruter des lycéens. Mon amie y a fait une présentation de l’espéranto (à vrai dire je ne sais pas vraiment pourquoi, vu que cette université ne l’enseigne pas) et s’est servie de moi comme exemple vivant : j’ai raconté mon expérience en espéranto et elle traduisait. Les lycéens avaient l’air plutôt intéressés.
  • Le lendemain, l’université présentait aux lycéens les langues qu’ils pouvaient étudier, et ils n’avaient pas d’autre Français sous la main alors j’ai accepté de participer (enfin je dis ça, mais je ne me souviens pas qu’on m’ait demandé mon avis) pour qu’ils entendent du français parlé par un vrai francophone. Un des professeurs de français a demandé aux lycéens quels mots français ils connaissaient. Ils ont surtout pensé à des mots en rapport avec l’art ou la cuisine, mais le russe a aussi plein de mots d’origine française tels que « plage », « douche » ou « aéroport ». Et, bizarrement, les Russes connaissent tous la phrase « Cherchez la femme » (je ne sais toujours pas ce que c’est censé vouloir dire). Après ça, je leur ai parlé de nourriture (c’est la seule idée qui me paraissait intéressante que j’ai eue) et le professeur traduisait en russe. Et comme il y avait plusieurs groupes de lycéens, on a fait ça cinq fois de suite. Et quelques uns se sont pris en photo à côté de moi.
  • Le 19 janvier, beaucoup de Russes se baignent dans un lac gelé. C’est une pratique religieuse orthodoxe pour l’Épiphanie, même si maintenant, beaucoup de gens font ça parce que c’est marrant. J’ai moi-même essayé. Il ne faisait pas trop froid ce jour-là (peut-être −5 °C) et il n’y avait pas de vent, du coup être en maillot de bain dehors n’est pas un problème si on ne reste pas plus de quelques minutes. J’ai mis seulement les jambes dans l’eau, ça m’a suffi. En fait ce n’était pas aussi terrible que ce que j’avais imaginé (mais ça l’aurait peut-être été si je m’étais mouillé en entier). Quelques minutes après être sorti, j’avais chaud aux jambes.
  • Je suis allé au club d’anglais de la ville, parce que mon amie en fait partie et voulait me présenter. Et elle a voulu que je fasse une présentation sur n’importe quel sujet, alors j’ai parlé des différents systèmes d’écriture du monde. (J’ai tenu 20 minutes alors que j’avais une heure.)
  • Je suis allé au club de français de la ville. On était trois la première fois. Quatre la deuxième.
Une forêt à Tcheliabinsk
Une forêt à Tcheliabinsk

Magnitogorsk

Mon séjour à Tcheliabinsk a été interrompu par deux jours à Magnitogorsk (Магнитогорск), une ville industrielle de la province de Tcheliabinsk, située à 250 km au sud-ouest. Son nom signifie « ville de la montagne magnétique » et elle a été construite dans les années 30 autour d’un complexe d’usines métallurgiques. Elle est traversée par le fleuve Oural qui marque traditionnellement la limite entre l’Europe et l’Asie.

Panorama de Magnitogorsk
Panorama de Magnitogorsk

Je suis allé dans cette ville parce que mon amie y a de la famille. Ils habitent dans une maison, contrairement à la plupart des russes qui vivent dans des immeubles. Et chez eux, il n’y a pas de douche : ils ont une bania. Il s’agit d’un bain de vapeur chaude qui peut atteindre des températures inhumaines (j’ai dû sortir plusieurs fois parce que j’avais l’impression que j’allais prendre feu). On s’asperge d’eau relativement froide pour se laver et on se fouette avec des branches de bouleau ou d’autres arbres. C’est censé être agréable, mais j’ai surtout trouvé ça bizarre. Ça doit être une question d’habitude.

Nous avons aussi fait de la luge dans une station de sports d’hiver appelée Abzakovo. Quand mon amie m’avait dit qu’on ferait de la luge à Magnitogorsk, je pensais que ce serait à côté de la ville. En fait, c’était à 60 km. Mais pour les Russes, c’est à côté.

Le monument le plus intéressant à Magnitogorsk est une statue de 15 mètres de haut érigée en 1979. Elle représente un ouvrier qui donne une épée à un soldat, parce que la ville a produit une grande partie des armes et des munitions pendant la guerre.

Statue à Magnitogorsk

Kazan

Le 1er février, nous avons pris le train pour Kazan. Il a fallu reculer ma montre de deux heures : en 2011, la Russie a réformé les fuseaux horaires (et supprimé l’heure d’hiver), et depuis, aucune partie de la Russie n’est en UTC+05:00. Il y a donc des régions voisines avec deux heures de différence.

En arrivant le matin, nous avons été accueillis par un espérantiste que j’avais contacté par Pasporta Servo et qui nous a fait visiter la ville. L’endroit le plus intéressant est le kremlin de Kazan, le centre historique de la ville, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. On y trouve plusieurs bâtiments anciens, dont une cathédrale, ainsi qu’une mosquée qui a été inaugurée en 2005, construite à l’emplacement où l’ancienne mosquée de Kazan aurait été détruite par Ivan le Terrible en 1552.

Qolşärif
La mosquée Qolşärif

Notre guide nous a aussi montré un restaurant universitaire plutôt bon et vraiment pas cher, ainsi qu’une rue de l’espéranto. Nous ne sommes restés à Kazan qu’une journée ; le soir, nous avons pris un train pour Moscou.

Moscou

Nous avons passés deux jours à Moscou, hébergés par un espérantiste qui ne parlait que russe (si j’ai bien compris, il avait appris l’espéranto il y a longtemps et avait arrêté).

Le temps était vraiment moche (surtout le deuxième jour), donc je n’ai pas vu grand-chose en dehors de la place Rouge, et de l’Université d’État de Moscou dont je n’ai même pas réussi à voir le haut à cause du brouillard.

Cathédrale Basile-le-Bienheureux
La cathédrale Basile-le-Bienheureux

Saint-Pétersbourg

Nous sommes arrivés à Saint-Pétersbourg le matin, après une nouvelle nuit en train, et nous nous sommes rendus tout de suite chez notre hôte, trouvée sur Couchsurfing. C’était une femme d’une trentaine d’année, avec un mari et une fille. Toute la famille était très sympathique, et j’ai été impressionné qu’elle nous ait laissé les clés de son appartement une demi-heure après nous avoir rencontrés. D’ailleurs, c’était un bel appartement dans un immeuble neuf, et ce sont les seuls Russes chez qui j’ai vu un lave-vaisselle et un micro-onde.

Saint-Pétersbourg est une jolie ville (le centre, en tout cas), assez différente du reste de la Russie : j’ai presque l’impression d’être dans des pays différents quand je me promène dans le centre de Saint-Pétersbourg et que je monte dans un minibus à Tcheliabinsk. J’ai été surpris par la quantité de câbles au-dessus des rues. Il semblait y avoir beaucoup plus de touristes que dans les autres endroits où je suis allé, même Moscou. J’ai vu quelques cathédrales, la forteresse Pierre-et-Paul et le palais d’Hiver, un ancien palais impérial qui fait aujourd’hui partie du musée de l’Ermitage et qui m’a fait penser à la fois au Louvre et au château de Versailles.

Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé
La cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé

Saint-Pétersbourg (c’est long à écrire, ce nom ; les Russes l’appellent familièrement Piter) était la dernière étape de mon voyage. Après deux nuits dans cette ville, je suis reparti en avion tandis que mon amie retournait à Tcheliabinsk (à peine une quarantaine d’heures en train).

À l’aller j’ai pris l’avion avec Transaero et tout s’est bien passé. Au retour, j’ai utilisé AirBaltic. J’ai moyennement apprécié qu’ils me fassent payer 40 € pour ma valise (j’étais à peu près sûr que c’était déjà compris dans le prix, mais apparemment ça faisait parties des règles valables à partir de février…). Comme mon premier avion a eu du retard, j’ai raté ma correspondance à Riga, mais la compagnie m’a payé l’hôtel et j’ai passé la nuit dans une chambre plutôt luxueuse sans débourser un seul centime. J’ai pu rentrer chez moi sans problèmes, j’ai juste dû changer mon billet de TGV (et je ne remercie pas la SNCF qui ne permet pas de réserver des billets sur Voyages-sncf.com depuis l’étranger).

Conclusion

Ce voyage a été l’un des meilleurs que j’ai faits et le pays m’a plu. Je veux retourner en Russie, mais l’été, pour voir comment c’est sans neige, et j’ai envie d’aller plus à l’est et de voir le lac Baïkal.

Cet article étant déjà assez long, je coupe en deux le récit de mon voyage : j’ai écrit un deuxième article pour parler de la vie en Russie et de la culture russe (et de ce que j’ai mangé).

5 commentaires

  1. Tu sais bien que les choses intéressantes se produisent toujours APRES notre passage (j’avais oublié Xynthia dans ma liste) …

  2. Tu as du en faire des km durant ce voyage! Tu as pu faire ça en combien de temps? Parce que j’imagine qu’en 2 semaines ce n’est pas possible :)Ça doit être intéressant de voir le décalage entre les grosses villes comme St Saint-Pétersbourg et Moscou, et les autres.

    • Je suis resté à peu près cinq semaines en Russie au total, mais c’est surtout parce que j’ai passé beaucoup de temps à Tcheliabinsk. À part ça, j’ai passé une nuit à Iekaterinbourg, deux à Magnitogorsk, une à Moscou et deux à Saint-Pétersbourg, et trois dans des trains.

      Et effectivement, j’ai trouvé Saint-Pétersbourg assez différent de Tcheliabinsk. L’architecture est différente (surtout dans le centre) et la ville a l’air plus européenne.

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