Comme l’année dernière, je suis allé fêter le nouvel an à une rencontre d’espéranto, JES. Au lieu de la Pologne, c’était cette fois en Allemagne, dans une petite ville appelée Burg (Spreewald) (la parenthèse semble faire partie du nom officiel), dans le Brandebourg (donc à l’Est), à 15 km au nord-ouest de Cottbus, et à peu près à mi-chemin entre Berlin et Liberec.
J’y suis encore allé en train, par une caravane qui permettait de profiter d’un tarif de groupe vraiment pas cher. Il y a eu des retards à cause de la neige, mais pas autant que l’année dernière où j’ai dû traverser plusieurs pays.
Je dois dire que des quatre rencontres espérantistes que j’ai faites pour le moment, c’est celle-ci qui a eu lieu dans le plus joli coin (il y avait de la neige partout), même s’il était un peu paumé et que ça caillait (je n’ai pas l’habitude qu’il fasse aussi froid en France).
Pendant la rencontre, il y a eu pas mal de concerts : des groupes locaux qui font mal aux oreilles, mais aussi des musiciens qui chantent en espéranto, certains dont je n’aime pas vraiment la musique (comme Kim, qui est très célèbre en Espérantie, mais je n’aime qu’une seule de ses chansons), d’autres que j’apprécie beaucoup. C’est par exemple le cas de La Perdita Generacio, un groupe suédois qui a fait la plupart des musiques en espéranto qui me plaisent. J’ai d’ailleurs acheté un de leurs albums.
On m’a encore dit que je ressemblais à un Russe. Je ne comprends pas : à chaque fois que je vais à une rencontre d’espéranto, quelqu’un me demande si je suis russe ou me dit que je ressemble à un Slave. Pourtant, à ma connaissance, il n’y a aucun Slave dans ma famille. C’est peut-être à cause de mes yeux bleus et de mon accent quand je parle espéranto — je n’ai pas vraiment d’accent français reconnaissable et je sais rouler les R. Au début j’avais un peu de mal et je disais [ɾ] (pour les non-linguistes : comme le R simple en espagnol, battu mais pas roulé), maintenant je dis le plus souvent [r] (un R roulé comme en russe). Par contre il est possible que j’utilise parfois des tournures françaises : j’ai dit « Ce n’est pas une mauvaise idée » (et pas simplement « C’est une bonne idée ») et on m’a fait remarquer que c’était très français.
Cette année, j’ai encore assisté à quelques cours de langues, d’abord sur le néerlandais. Je ne connaissais pas grand-chose à cette langue, mais ça ressemble pas mal à l’allemand avec un vocabulaire plus proche de l’anglais et une grammaire qui semble plus simple. Par contre c’est moins beau. Il y a aussi eu une introduction au swahili (faite par une Allemande). Je connaissais cette langue-là encore moins que le néerlandais, mais ça m’a l’air très intéressant.
Pour rester sur le thème des langues, il faut que je mentionne que Burg se trouve en Lusace, une région d’Allemagne où vit une minorité de langue slave, les Sorabes. Ils parlent en fait deux langues, le haut-sorabe et le bas-sorabe, qui sont très proches du polonais (quoique le haut-sorabe m’a l’air un peu plus proche du tchèque phonétiquement). Malheureusement, la première est parlée par moins de 20 000 personnes, la deuxième par moins de 10 000. Burg se trouve dans le coin où on parle bas-sorabe. J’ai eu peu d’occasion d’en entendre, mais je trouve que ça ressemble à du polonais parlé avec un accent allemand.
La plupart des panneaux de la région sont bilingues. Ici, des rues à Cottbus.
On a d’ailleurs eu une conférence à ce sujet (en moyenne les espérantistes s’intéressent beaucoup plus aux langues minoritaires que la population générale). C’était assez intéressant bien qu’un peu long — celui qui parlait s’exprimait en allemand puis était traduit en espéranto (mais j’étais content parce que je comprenais à peu près ce qu’il disait en allemand). La situation du sorabe (surtout le bas-sorabe) est assez comparable à celle de beaucoup d’autres langues en danger : la plupart des gens qui le parlent sont vieux, et pendant une époque le gouvernement avait essayé de l’exterminer et les enfants qui parlaient sorabe à l’école étaient frappés (exactement comme en France…). J’ai aussi visité le musée sorabe à Cottbus.
En oubliant les langues slaves, même en allemand, les gens de la région ont un accent particulier. La principale caractéristique que j’ai entendue est qu’ils arrondissent certaines voyelles : pour « onze », ils disent ölf au lieu de elf, et pour « église », ils disent Kürche au lieu de Kirche. Les dialectes allemands me semblent bien plus variés que les dialectes français.
Un fait que peu de gens savent à propos de l’espéranto est qu’il y a des gens dont c’est la langue maternelle. Pourtant, contrairement à la plupart des langues, il est difficile de les reconnaître : ils ne parlent pas nécessairement mieux qu’un espérantiste qui a un bon niveau (j’ai relevé des fautes de vocabulaire chez certains) et n’ont pas tous le même accent : certains n’ont pas d’accent reconnaissable, d’autres légèrement, et Kim (le chanteur mentionné plus haut) a un accent danois épouvantable (je dois m’accrocher pour suivre ce qu’il dit). Pour tous les espérantophones de naissance que je connais, je n’ai pas deviné qu’ils l’étaient, il m’a fallu qu’on me le dise.
Une chose qui m’a surpris dans la communauté espérantiste est la proportion élevée de végétariens et végétaliens, alors que dans ma vie de tous les jours je n’en connais pas. Quand on s’inscrit à une rencontre d’espéranto on peut généralement choisir sans problème si on est végétarien (c’est parfois plus difficile pour les végétaliens, mais pas cette fois-ci).
Mais assez de choses sérieuses. Je suis aussi allé là-bas pour m’amuser. C’est toujours aussi extraordinaire de parler avec des Russes, des Allemands ou des Italiens sans avoir l’impression que ce sont des étrangers. La soirée du nouvel an était très réussie (d’ailleurs j’ai appris à dire « Bonne année » en pas mal de langues pour l’occasion). Les Russes puis les Ukrainiens ont commencé à fêter le nouvel an à 22 et 23h (puisqu’il était minuit chez eux avec le décalage horaire) (et encore, l’année dernière, quelques uns s’étaient amusés à faire le nouvel an néo-zélandais à midi). Et c’est amusant de chanter des chansons en espéranto au karaoké à 4 heures du matin. (Et avant que quelqu’un demande, non, je n’ai pas pris le micro, je suis resté dans le public.)
Comme la dernière fois, j’ai noté toutes mes dépenses et le voyage m’est revenu à 384,74 €, ce qui en fait la rencontre la moins chère à laquelle j’ai participé. J’aurais pu économiser encore plus en :
- m’inscrivant plus tôt ;
- dormant dans un sac de couchage au lieu de prendre une vraie chambre ;
- me débrouillant pour la nourriture au lieu de manger à la cantine ;
- n’achetant pas de kebab pendant le trajet parce qu’à chaque fois que j’en mange un je trouve ça dégueulasse et je me demande pourquoi je persiste.
Bref, encore une bonne expérience. En plus, je suis rentré à peu près en bonne santé (dans ces rencontres, tout le monde finit généralement par attraper la crève à cause du manque de sommeil, du froid et des contacts rapprochés ; l’année dernière j’étais revenu avec une otite), j’espère que ça va durer.
Cet été j’aimerais bien aller à l’IJK en Ukraine, mais ça me semble peu probable parce que j’aurai un stage à faire (c’est pour la même raison que je n’ai pas pu faire de rencontre l’été dernier). En 2012 ça sera à Okinawa, il ne faudra pas que je rate ça. En attendant je pourrai certainement aller à la prochaine édition de JES l’hiver prochain, vraisemblablement en Pologne (à force je commence à bien connaître l’Europe centrale).
OMG Mut, encore une rencontre d’espéranto ! A chaque fois tu me donnes encore plus envie d’apprendre cette langue, mais j’avoue que je reporte tout le temps les choses importantes de ma vie et du coup, l’espéranto passe après beaucoup de choses futiles.
L’Europe centrale / de l’est me tente beaucoup, je comptais y aller cet été durant mon voyage mais j’ai énormément dépensé d’argent en Finlande et à Londres (c’est horriblement cher comme ville.) et j’ai passé bien plus de temps que prévu à Helsinki, donc je n’ai pas pu aller à Prague et Berlin, mais je ne désespère pas, il faut que j’y aille un jour (sans doute cet été, j’ai prévu d’aller à Dublin au mois de juin et je compte profiter de l’occasion pour faire une escale à Berlin alors (même si ce n’est pas vraiment le même coin). Mais comme toi, j’aurais pu dépenser largement moins (et donc faire tous les pays prévus) si j’avais acheté mes billets d’avion/train à l’avance, mais comme je le dis plus haut, la procrastination me perdra :(.
Je vais essayer de me mettre à l’espéranto cette année comme j’ai un peu plus de temps avec mes études, et un peu plus de temps tout court, surtout si en 2012 il y a une rencontre à Okinawa, ça serait deux « rêves » pour le prix d’un, d’une part, partir pour le Japon en voyage et d’autre part, pouvoir parler espéranto et rencontrer d’autres personnes qui parlent cette langue. Il faut à tout prix que je participe à cette rencontre !
En plus 385€ pour cette rencontre je trouve ça vraiment très raisonnable, c’est sûr que ces rencontres doivent être enrichissantes, c’est pour ça qu’il faut que j’assiste à l’une d’entre elles une fois dans ma vie.
Les cours sur les différentes langues doivent être intéressants aussi, surtout celui sur le swahili, c’est pas courant comme enseignement.
Ça me rappelle aussi qu’en Finlande il y a beaucoup de langues qui sont parlées, il y a quelques dialectes lapons et d’autres coins (mais j’en ai oublié les noms), on entends aussi du russe, du français du suédois et du finnois, d’ailleurs tous les panneaux, tous les affichages dans les transports en commun sont écrits en finnois et en suédois, ce qui fait que les finlandais parlent beaucoup de langue, j’ai pu rencontrer une finlandaise, qui étudie le finnois à l’université et qui a passé une partie de ses études en Angleterre, et en Russie, qui parlait cinq ou six langues et j’ai vraiment apprécié le fait de parler avec elle de ça, c’est vrai que l’apprentissage des langues me rebute un peu, mais me fais affreusement envie, et c’est pour ça que je t’admire Mut, pour tout ce que tu fais, pour tes connaissances en linguistique et pour ton goût d’apprendre.
Continues de me faire rêver s’il te plaît 🙁
C’est bête, ton blog mange les commentaires.
angenoir : Si tu veux te mettre sérieusement à l’espéranto je t’aiderai volontiers. Et tu pourrais commencer par aller à JES l’hiver prochain pour voir si ça te plaît, non ? (La Pologne c’est un poil moins loin que le Japon.)
Môman : J’irai voir dans les options si on peut faire en sorte de pouvoir envoyer les commentaires sans devoir les prévisualiser d’abord.
J’avais donc dit :
quand j’ai voyagé en Ecosse avec mes parents, les gens croyaient qu’on était Suédois, surtout mon frère et moi avec nos yeux bleus et nos cheveux blonds.
Une autre fois, au Portugal, lors d’un séjour à l’université d’été de Coimbra, mon copain Luc (blond aux yeux bleus) avait dit à une Suédoise (brune aux yeux verts) qu’elle n’avait pas l’air d’une Suédoise, et celle-ci lui avait répondu que lui n’avait pas l’air d’un Français !
Les idées reçues…
ils savent faire la fete nos amis allemands!